Lanslevillard et la rivière Arc. À l'arrière-plan la Dent Parrachée. Prise de vue en direction de l'ouest, depuis l'amont du village.
sd.
19/07/2008
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19/07/2008
Présentation
Témoignages
LA MAITRISE DE L’EAU L’archéologue : Pourquoi une installation des deux côtés de la rivière, apparemment contraire à la logique de communication, et pourquoi si près d’une rivière aussi dangereuse ? Il faudrait rechercher, mais on peut penser que cette configuration vient de l’intérêt d’utiliser la force du courant, mais aussi du tracé des anciennes voies romaines et sardes qui n’empruntaient pas la vallée, généralement inondée à la fonte des neiges, mais se maintenaient à flanc de coteau, côté Mont-Cenis. De là, peut-être, l’origine d’une implantation rive gauche, pourtant à l’opposé des terres cultivées, et aussi le choix de ce lieu taluté et resserré, susceptible de faciliter le franchissement tout en protégeant le village en hauteur. (Jean-Pierre Petit et PNV) L’historien : Sur la photo des années 1900, ce qui frappe c'est le rôle crucial du pont entre l’« Envers », installé en rive gauche sur une terrasse dominante, et l’« Adret ». Le pont de pierre à deux arches, explosé en 1944, a été remplacé en 1952, par un autre pont à son tour détruit et remplacé après la crue de juin 1957. Inondation qui a fait aussi décider de l’élargissement et de l'endiguement de la rivière, ainsi que du nouveau tracé de la route de transit et de la reconstruction immobilière de l'Adret, faisant ainsi disparaître l'ancien bief canalisant l'eau du moulin et de la scierie situés en aval, et muer l'activité artisanale liée au flux hydraulique, en activité commerciale liée au flux routier. (François Forray) Le paysagiste : Le clocher continue à exercer son rôle de signal, voire de protection tutélaire. Le pont, lien à la fois organique et symbolique, joue pour le bourg un rôle central, que le cadrage du point de vue entérine. Paradoxalement, le lieu s’est à la fois civilisé et ensauvagé. Civilisé par l’artificialisation de la digue, de la voirie et du mobilier urbain, et par la fonction oisive de l’habitat touristique ; ensauvagé par la reconquête des berges par les saules, frênes, aulnes et peupliers. (Jean-Pierre Petit et PNV) L’urbaniste : Aujourd’hui, Lanslevillard, comme toute la Maurienne, s’est ouvert au tourisme. Le village n'a pas grossi, mais son usage et sa population se sont transformés en acceptant la résidence secondaire. C’est un habitat plus urbain, à plusieurs étages, d’appartements et de commerces. La commune dispose d'un architecte conseil, pour contrôler ou aider à la qualité des constructions car les Haut-Mauriennais sont fiers de leur patrimoine et savent ce qu'ils doivent au tourisme. (Benoît Gervaise) L’architecte : On remarquera, au centre, le bâtiment de l’Office du tourisme (architectes Chambre et Vibert) à l’architecture contemporaine contrastant par la forme, mais s’accordant par les matériaux. Celui-ci déborde sur le lit majeur de l'Arc, en zone rouge du Plan de prévention des risques d'inondation, mais dans un défi mesuré grâce à sa forme arrondie qui évite l’affrontement brutal avec le courant, et qui fait ressembler le bâtiment à une rotule articulant les deux quartiers, ou à un bastion flanquant une digue-muraille, comme pour dire que, face aux menaces de crue, le bourg est cette fois prêt à se défendre. (Jean-Pierre Petit et PNV) L’agronome : « On distingue, en bas à gauche, une paysanne avec ses deux vaches. C’est quelque chose qu’on ne voit plus. Aujourd’hui, une exploitation c’est 25 à 30 vaches laitières, et 150 000 litres de quotas en AOC (plus, si on n’est pas en AOC) pour tenir ». (Bruno Bletton) Le sociologue : « Qu’est-ce ce qu’on voit de neuf ? D’abord il y a un parking, une maison, l’addition de la normalisation avec le code de la route. Les anciennes bâtisses ont fait place à la route. La rue a pris une destination commerciale. Le collectif contemporain repose beaucoup sur la circulation automobile. Le raccordement des nouvelles habitations à des réseaux techniques tels que téléphone, ordures, réseau routier ont changé en profondeur la vie collective ». (Isabelle Mauz)