Vue d'ensemble du village des Chapieux, avec au 1er plan l'ancien site des baraquements militaires. À l'arrière-plan la Dent d'Arpire (Massif du Beaufortain). Prise de vue en direction de l'ouest.
c. 1910
20/08/2006
c. 1910
20/08/2006
Présentation
Témoignages
LA PERENNITE DES ALPAGES L’observateur immédiat : “De nombreux arbres apparaissent, pour la plupart des érables près des villages, et aussi des résineux et des arcosses (aulnes verts) en arrière-plan, sur les Vararays et le bas de la combe de la Neuva. Peut-être à cause d’une déprise des pâtures, ou d’un abandon de la coupe du bois de chauffage. Depuis la disparition des baraquements gardés toute l’année par le 7e BCA, plus personne ne vit là-haut en hiver, la route d’accès est coupée par de nombreuses et très grosses avalanches. A gauche sont apparus de nouveaux bâtiments dont celui de la colonie de la CCAS (EDF).” (Christian Balais) L’historien : « Les cols, devenus frontaliers entre la France et l’Italie à la suite de l’Annexion de la Savoie à la France, sont surveillés ou fortifiés à l’occasion des politiques d’alliance ultérieures. Issu du plan de défense français des années 1880-1890, l’objectif de surveillance a conduit à la construction de ce casernement et des rampes en zigzag aptes au transport de l’artillerie légère, qui partent à l’assaut du col du Bonhomme et du Cormet de Roselend (aux premier et second plans). Aujourd’hui le passé militaire disparaît. Après les destructions imputables aux combats de 1940 et de 1944, l’avalanche de 1999 s’est chargée d’effacer toute trace des derniers vestiges bâtis… Ne subsistent qu'une petite cave souterraine et cet incroyable réseau de routes militaires que les paisibles randonneurs empruntent en n’imaginant pas les devoir à d’aussi dramatiques circonstances ! » (Bruno Berthier) Le géographe : A l'arrière-plan, le Cormet de Roselend qui a eu, comme le col de la Seigne proche, une vocation militaire, mais dont la route pour le déplacement de troupes, que l’on devine sur la photo, a opportunément répondu au développement de l'automobile d'Après-guerre. Développement promu notamment par le Touring Club de France et par la fameuse Route des Grandes Alpes, qui contribua à l'appropriation de la montagne par les citadins. (Jean-Paul Guérin) Le paysagiste : On se situe ici dans l’aire d’appellation contrôlée du Beaufort, mais malgré l’exploitation laitière locale, les modifications apportées paraissent essentiellement d’ordre urbain, et non pastorales. On a paysagé le site. On voit une zone de parking avec des cailloux, et aujourd’hui, un accueil avec des toilettes, qui dénotent une structuration à vocation touristique : on est sur le tour du Mont Blanc, l’un des itinéraires les plus prestigieux des Alpes. (Jean-Pierre Petit et PNV) L’urbaniste : Ici, les alpages sont en bonne santé (présence d'agriculteurs locaux et de troupeaux). C’est un cas de vraie vitalité économique, et pas simplement un décor. L’image type d'alpage fait sans doute que ce secteur représente un espace affectif, quasi mythique, pour les borains. C'est leur fenêtre sur la nature. Du coup, ce lieu de départs de promenades et de visites d’étables est très fréquenté l'été, causant une circulation et un stationnement dommageables au paysage. Paradoxe d’un tourisme dit vert, qui oblige à trouver un aménagement respectueux du cadre « naturel » recherché, ni « foutoir », ni parking de zone commerciale. (Jean-Claude Bompas) L’ingénieur : Le site des Chapieux est très contraint du fait des torrents, comme ceux qu’on voit en bas de la photo ancienne. La séparation en deux du village des Chapieux en témoigne. Les débordements torrentiels représentent des risques bien réels. Le tout a dû être dévié. Le lit du torrent apparaît avoir été repoussé. La plaine des Chapieux est couverte de graviers déposés par les torrents dont les lits divaguaient. Les militaires ont fait des espèces de digues par lesquelles ils essayaient de protéger leur baraquement. On voit dans l’ancienne photo le témoignage de ce qui ressemble à une digue. (Jean-Pierre Feuvrier) Le philosophe : “Parfois, les évolutions redonnent à un site, comme ici aux Chapieux, une figure originale, mais ne nous y trompons pas, ce n’est pas un retour à une nature vierge : le paysage montagnard est toujours travaillé par l’activité humaine, directement ou indirectement.” (Pascal Bouvier)