Le ville de Fourneaux avec en arrière-plan la vallée de la Maurienne en direction de l'aval. Prise de vue en direction de l'ouest, depuis la route de Valfréjus.
sd.
22/08/2007
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22/08/2007
Présentation
LA PRESSION URBAINE L’historien : « La photo ancienne date d'après 1906, année de la crue du Charmaix. Au centre de l’image, on voit les bâtiments de 1873, symboles de la première industrialisation, qui ont abrité les compresseurs de Sommeiller créés pour le percement du tunnel ferroviaire du Fréjus. Ces bâtiments ont ensuite servi, entre 1893 et les années 1990, aux papeteries du Mont Cenis qui profitaient là de l'hydroélectricité et de la voie ferrée qui ont, par ailleurs, fait de Modane une des premières villes françaises électrifiées. Au premier plan, il peut s’agir de logements collectifs ouvriers liés au chantier du tunnel, à la gare internationale ou aux papeteries... sinon, de casernes de garnison attachées aux défenses militaires du Sapey et de Replaton, qui protégeaient le débouché du tunnel contre l’Italie de la fin du XIXe siècle et dont on voit la route d'accès sur l'adret. Sur la photo récente, beaucoup de traces se sont effacées. En revanche, sont apparus quantité d’éléments. Le plus visible, la « gare marchandises », témoigne d’une croissance des échanges. Mais aussi l’extension urbaine le long de la route nationale, et l’apparition de la fonction tourisme, avec le Centre de vacances des années 1980, que l’on voit au milieu, et qui marque une reconversion économique suscitée par le déclin des retombées du transit de Modane. On perçoit d’ailleurs, au loin, à gauche, la rampe de la route d’accès au tunnel routier du Fréjus, qui a concouru à ce déclin» (François Forray) Le géographe : « Ni village, ni ville, Fourneaux paraît plutôt comme un faubourg industriel de Modane, refusant d'être absorbé par elle. Son développement est lié à son rôle historique de voie de passage vers l'Italie. » (J-P.G.) Depuis l’Antiquité, et même avant, la vallée de Maurienne représente en effet une voie de passage naturelle des plus stratégiques à travers les Alpes, renforcée par les voies sardes, puis napoléonienne. Mais c’est du transit du tunnel ferroviaire de Fréjus de 1870, débouchant à Modane, que Fourneaux a sans doute tiré le plus de profit. (Jean-Pierre Petit et PNV) L’urbaniste : Après les bombardements et les coulées torrentielles du Charmaix, la reconstruction des années 50, sous forme de lotissement, est moins dense que celui du tissu villageois remplacé. Un luxe d’espace qui n’est plus possible aujourd’hui, pour des raisons physiques et juridiques. Le site est, à cet endroit, très encaissé, et contraint par des Zones de protection et de prévention contre les risques naturels visant à éviter les accidents dus aux chutes de blocs ou aux crues de l'Arc. » (Benoît Gervaise) L’architecte : Je noterai évidemment le changement radical d’architecture de l’église de Notre-Dame-de-l'Assomption, entre celle détruite en 1943, et sa reconstruction moderne de 1950 (Architectes : Henry-Jacques Le Même, architecte en chef de la Reconstruction, et Jean Toulouse) qui a pris le parti très sobre d’une nef rectangulaire couverte d’un toit à un seul pan, sans façade monumentale, ni flèche, comme un vœu d’humilité ou comme tournée vers une lumière intérieure. (Jean-Pierre Petit et PNV) L’ingénieur : « La crue du Charmaix a été une catastrophe d’autant plus importante que le torrent est arrivé dans la ville et dans l’Arc à angle droit. Cela a engendré des travaux importants de lignes de barrages dans le lit du Charmaix. Maintenant, le torrent disparaît, c’est pour cela qu’il est dangereux. Même si on a fait des aménagements, on n’a pas la naïveté de croire que rien ne va plus se passer. Il y a aussi des versants qui bougent, au point de construire le viaduc d’accès au tunnel du Fréjus sur vérins, pour des réglages permanents. Les géologues diraient que les versants ont tendance à se rapprocher. Ce n’est pas sensible à l’échelle d’une existence, mais très important à l’échelle géologique.» (Jean-Pierre Feuvrier) L’environnementaliste: La végétation démontre des terrains de parcours sur-pâturés. Et malgré un long abandon, on s’aperçoit que ces parcours ne se sont pas tellement fermés. L’érosion est restée très active. Il n’y a pas de cicatrisation. La dynamique biologique est très lente car la dynamique géomorphologique est très vivace. (Jean-François Dobremez)