Le lac de Tignes, les Chartreux et la station de Val Claret (au fond à gauche). Prise de vue en direction du sud-ouest, depuis le paravalanche du lac.
sd.
29/08/2008
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29/08/2008
Présentation
Témoignages
LES MENACES DE LA PENTE L’archéologue : Si n’était la photo ancienne qui montre incontestablement le muret d’enclos de bétail autour du gros chalet d’alpage, l’épilobe qui a poussé autour aurait permis de deviner la fonction ancienne de ses abords, comme l’auraient permis d’autres marqueurs d'activité, comme le chénopode (ou herbe du bon Henri) ou l’ortie, qui trahissent la présence d’ex-vergers ou d’ex-enclos d'animaux aux sols azotés par les déjections. (Jean-Pierre Blazin) L’urbaniste : Au fond, on voit l'ensemble bâti du Val Claret datant de 1970, de 15000 lits mais économe en espace et qui répondait à un projet social généreux d’accès pour plus grand nombre aux bienfaits de la montagne selon un prototype urbain initialement cohérent. Le souci de mettre les gens au pied des pistes explique la situation de Val Claret à la convergence du cirque glaciaire. Après les années 1970, l’urbanisation est devenue plus anarchique, ne retenant que l’aspect rentable des opérations de masse. Un débat est d’ailleurs en cours sur l’implantation d'un hôtel au bord du lac. Heureusement, le golf 18 trous, juste devant, sauve pour l'instant le paysage, notamment en lui conservant une image d'alpage, et ce, bien plus efficacement que la législation de protection des lacs de montagne (lois Montagne et Littoral). (Jean-Claude Bompas) L’architecte : Rien ne sert de renvoyer dos à dos l'ensemble bâti du Val Claret (architecte : Claude Bernard, 1970), et le chalet d’alpage du premier plan, en accusant l’un de verrue utopique, et l’autre de verrue anachronique. Ce sont deux architectures qui ont tiré le meilleur parti de la montagne compte tenu de ce que leur société réciproque attendait. Une dispersion de petites constructions, comme le chalet du Centre international de Haute Montagne situé à gauche, construit aussi dans les années 1970, n’aurait pas pu répondre au besoin économique et social de démocratisation des sports d’hiver. Plus qu’un geste d’architecte, Val Claret est un geste de société, qui voulait profiter d'un geste de la nature. (Jean-Pierre Petit et PNV) L’ingénieur : « Ici, au premier plan, l’avalanche est chez elle. On le voit avec l’ouvrage de protection de la route en béton et les rateliers qui le surplombent, mais aussi avec la disposition semi-enterrée de l’ancien chalet d’alpage. L’accès à Tignes est très contraint par les avalanches, et parfois coupé, ce qui représente un vrai problème parce que la route est le cordon ombilical de la station. En France, à l’inverse de l’Italie, on a toujours été réticent à la protection d’envergure. Ici, on a une couverture minimale de la route. A l’arrière-plan, le recul impressionnant du glacier et la pratique du ski sont les principales causes de transformation du paysage. Il y a eu un moment des pylônes de remontées mécaniques pour rejoindre le sommet du cirque, qui ont été démontés après la construction du funiculaire souterrain qui grimpe là-haut. En dessous, la zone gris clair des éboulis correspond aux terrassements pour les pistes de retour. Le paysage a été modelé au bulldozer, et plus récemment, comme le montrent les canons à neige, on fait encore appel à la technique pour suppléer l’indifférence de la nature aux comptes d’exploitation des stations. (Jean-Pierre Feuvrier) Le politique : « La zone gris clair des éboulis, c’est la zone des pistes de retour. Là haut, c’est un secteur où il y a des équipements, dans le cœur même du Parc national. Il faut avouer que comme porte d’entrée d’un parc naturel… On peut faire du mauvais esprit… le sas voulut par le législateur… Mais bon, à un an près, on aurait pu ne pas avoir de parc, car sa création est concomitante avec le Plan neige. Aujourd’hui, c’est un fait, le Parc national est corseté par les stations en Tarentaise, d’où l’enjeu actuel de la redéfinition du rôle des Parcs dans la zone d’adhésion, visant à une solidarité écologique.» (Jean-Pierre Feuvrier)