Église et chef-lieu de Peisey. Au fond l'Aliet.
c. 1910
2007 (25 juillet)
c. 1910
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2020
Présentation
L'école primaire au 1er plan à gauche, l'église et le chef-lieu de Peisey. Au fond au centre l'Aliet, et à l'extrême droite le Sommet de Bellecôte. Prise de vue en direction du sud, depuis la rampe d'accès à la cour de l'école.
Témoignages
LA MODERNISATION DE L'HABITAT L'archéologue : On remarque d'abord une présence forte des clôtures qui, par rapport aux champs ouverts et aux prés communaux d'antan, dénote une nette tendance à l'individualisation de la propriété, et aboutit au paradoxe suivant : « on se tourne vers le paysage, mais on se referme sur soi ». (Jean-Pierre Blazin) Le paysagiste : La façon courante de réagir face à cette image serait de dire que quand on s'installe dans le beau paysage, on le transforme, et on le réduit à peau de chagrin. Attention pourtant à la valorisation nostalgique du passé en tant qu'origine du beau ! Certes l'équilibre de la composition quasi picturale du paysage, avec ses diagonales et ses médianes parfaitement concourantes, se trouve dérangé par l'introduction de lignes, de courbes et d'objets qui ne se répondent pas. Mais, cela est vrai dans la peinture comme dans la vie : un paysage n'est pas une nature morte. Il se transforme en permanence sous l'effet de causes naturelles et humaines, toujours en chantier pourrait-on dire, et la pelle mécanique près de l'église ou la grue au centre, sont là pour nous le signaler. (Jean-Pierre Petit et Parc national de la Vanoise) L'urbaniste : « Cette urbanisation type de la Savoie des années 1970-80, à savoir de maisons individuelles standard dispersées selon les opportunités et pressions foncières, représente une époque où on a construit, mais pas fait d'urbanisme, contrairement aux anciens qui, eux, faisaient de l'urbanisme sans le savoir en s'implantant par rapport au soleil, aux champs, aux risques naturels... Aujourd'hui, le problème de l'urbanisme est le diktat de la propriété individuelle favorisé par la démission politique soumise au chantage électoral, et par le déficit d'initiative publique : on n'exproprie pas, on investit peu alors que plus que jamais la rareté de l'espace justifie l'intervention de la collectivité.» (Jean-Claude Bompas) L'architecte : Ce qui ne peut laisser impassible un architecte, c'est bien sûr, la présence aussi prégnante d'un produit néo-régionaliste dont la standardisation répond moins à un contexte topographique, à une authenticité documentaire ou à un progrès technologique qu'à la rationalisation industrielle du secteur économique du bâtiment, commerciale de la promotion immobilière, et administrative des règlements d'urbanisme. Ici, donc, bien au centre, une architecture passe-partout qui emprunte à la fois au pavillon de banlieue, au chalet de skieur et à la ferme traditionnelle dite « à superposition ». (Jean-Pierre Petit et Parc national de la Vanoise) L'ingénieur : Peisey s'urbanise. Le choix pour l'éclairage public des lampadaires à crosse et lanterne est exemplaire à ce sujet : «…une référence non seulement déplacée, mais anachronique, qu'on imaginerait plus facilement dans le Montmartre du XIXe siècle, et dont la finesse contraste avec la rusticité trompeuse des glissières bois conçues par un ingénieur des travaux publics… » (Jean-Pierre Petit et Parc national de la Vanoise) Le géographe : Ce qui est flagrant ici, c'est l'abandon des cultures vivrières, à savoir des céréales comme le seigle, l'orge ou l'avoine. L'ancien terroir agricole, structuré par les murettes dites murgers, a fait place à un herbage uniforme dont la lecture est rendue ambiguë par le contexte urbain : s'agit-il d'un environnement domestique ou pastoral ? Un gazon tondu ou un pré fauché ou pâturé ? « Ce paysage urbanisé porte la trace d'un phénomène plus complexe que ce que l'on nomme habituellement la rurbanisation, qui emprunte au fonctionnement de la banlieue, mais avec une activité rurale choisie (poules, bois...), signe d'une nouvelle façon de vivre la montagne qui se donne une impression de possible. » (Jean-Paul Guérin.) Le sociologue : Des résidences secondaires ou permanentes sont apparues avec des comportements nouveaux tels qu'en témoigne la clôture. Autres changements : la nuit disparaît peu à peu avec l'éclairage public, et la glissière en bois désigne un changement du rapport au risque. (Isabelle Mauz)